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J'ai vécu mon adolescence en Afrique, plus précisément à Douala au Cameroun, à une époque où la Télé n'y existait pas et où la FM était encore une vaste utopie. Je garde de ces années un souvenir savoureux marqué par des images récurrentes. Parmi celles-ci, il y a cet énorme poste radio de marque Grundig que mon père branchait, en ondes courtes, sur RFI dès les premières heures du matin. Le midi, une jeune et prometteur journaliste nous adressait son, désormais célèbre, BONJOUR ... il s'appelait Yves MOUROUSI.

Grace à RFI, nous n'étions pas totalement coupés du monde à une époque où il fallait se rendre à la poste pour réserver une date et un créneau horaire pour téléphoner en France et entendre les voix de nos grands-parents, cousins etc.

A RFI je dois d'avoir appris la séparation des Beatles, des Aphrodite's Child, la mort de De Gaulle, celle de Pompidou ou bien encore le sentiment d'être tout près de ce reporter qui suivait pour la radio le kidnapping des Athlètes Israéliens aux JO du Munich en 1972.

A RFI je dois d'avoir mis une voix sur le visage d'un chef d'état de tel ou tel pays voisin .... visage que je ne connaissais que dans sa version imprimée sur pagne.

A RFI je dois ne pas avoir été totalement imbécile et décalé lorsque, en vacances d'été, je me rendais dans le Sud de la France entourés de gens qui, chanceux, avaient la télé en couleur, une profusion de journaux, et savouraient la voix de Georges Lang sur RTL à partir de minuit pour "Les Nocturnes".

A RFI je dois d'avoir sauté de joie en apprenant que mon idole de l'instant, Emerson Fittipaldi , le fougueux pilote de F1, avait décroché son deuxième titre de champion du monde en 1974.

A RFI je dois d'avoir pu entendre, en Septembre 1973, les rafales de mitraillettes qui accompagnaient le coup d'état qui allait instaurer plusieurs années de dictature au Chili.

A RFI je dois, en Janvier 1971, d'avoir presque été présent lorsque le général Idi Amin Dada renversa Milton Obote en Ouganda.

A RFI je dois toutes ces rencontres avec les musiques du Monde et ce sentiment, rassurant, de n'être pas tout à fait perdu dans cette cuvette humide qu'était Douala et où le ciel n'a jamais été bleu que dans nos souvenirs d'adolescents en pat'def.

Alors je rends hommage à ces deux journalistes qui, parmi d'autres à la radio, continuaient à porter haut le droit à l'information pour les Africains de toutes sortes et qui sont morts de la main d'imbéciles, analphabètes, incultes et puants .... qui continuent de voir en l'homme blanc le responsable de leurs propres turpitudes.

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